LE DISCOBOLE - 2024

LE DISCOBOLE - 2024

Mouvement suspendu, corps tendu, instant d'absolu.

Ce jeune homme en extension s'apprête à lancer le disque. Pour célébrer cette discipline olympique, l'une des cinq d'origine antique, César Malfi a choisi l'emblématique discobole du sculpteur grec Myron, parangon d'une beauté athlétique et virile. L'adaptant à la verticalité du mur, il nous en propose un angle de vue inhabituel pour une lecture renouvelée, dynamique, cinétique.

À l’aide d'aplats colorés, l'artiste urbain décompose sa gestuelle pour en accentuer le mouvement. Buste, bassin et jambes opèrent alors une révolution soutenue par la couleur. L'antique statue s'anime. Le réalisme du corps sculpté, peint à l'aérosol, se voit ainsi magnifié par le contraste de ces pans de couleurs découpés.
C'est alors qu'apparaissent les traits d'un visage, empreints d'une autre dimension. Nets et naïfs, simples et incisifs, ils évoquent la douceur d'un visage féminin qui vient en filigrane se poser aux côtés de cette anatomie marmoréenne.

Présence tutélaire ou simplement amie. Délaissant cette fois la bombe pour le pinceau, César renoue ainsi, paradoxalement, avec son tracé premier, le graffiti, à l'origine de sa passion muraliste.
Hérité de ses aînés, Matisse mais surtout Léger, ce dessin linéaire vient temporiser le volume de la statuaire, apporter un visage à ce corps, un esprit à cette force. Mais aussi une modernité à ce classicisme.

Dans une tentative syncrétique, l'artiste confronte pour mieux les concilier l'organique et la géométrie, le volume et l'aplat, la ligne et la couleur, le dessin et la sculpture, la peinture et l'architecture...
Ce faisant, il prône une harmonie entre les genres, apportant une présence féminine à des jeux sportifs originellement réservés aux hommes, et renouvelle ainsi le concept antique du
Kalos Kagathos où le corps et l'esprit se meuvent de concert.

Mur Bastille, Paris, Juin 2024.