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TELEMONACO
30/09/2022

« L’art est le ciment de l’humanité »

Street-artiste niçois, César Malfi s’approprie les icônes de la Renaissance en leur offrant un second souffle à travers la réalisation de fresques monumentales, chargées de sens. Des œuvres fortes qui prennent vie à travers le regard et l’imaginaire de ceux qui les contemplent.

Comment est né votre amour de l’art ?

Enfant, je me rendais souvent en Italie, et j’ai été très marqué par les premiers musées que j’ai visité comme la Galerie des Offices, à Florence ou encore le Musée du Vatican. J’avais à peine 5 ou 6 ans et la Renaissance a été le premier mouvement artistique qui m’a transcendé. Ce courant a laissé une sorte d’empreinte en moi. C’est ensuite, à l’âge de 15 ans que j’ai commencé le graffiti. J’ai toujours eu cette envie de surprendre et de partager mes réalisations avec le plus grand nombre. J’aime qu’elles soient au contact des gens.

Quel a été votre parcours artistique ?

Au départ, j’ai choisi une orientation plutôt conventionnelle en m’inscrivant à la faculté de droit, mais durant les cours, je passais mon temps à dessiner. J’ai été jusqu’à la fin de mon cursus, mais une fois diplômé, j’ai tout de suite changé de voie. Après avoir lancé une marque de Streetwear, destinée à habiller les athlètes de sports extrêmes, j’ai décidé de m’exiler un petit temps et de voyager. D’aller à la rencontre d’artistes, visiter des lieux inspirants et de réaliser mes premières véritables œuvres dans la rue. C’est comme ça que j’ai trouvé ma vocation.

Quelles sont les destinations qui vous ont le plus inspiré ?

L’Italie, bien sûr. Je retourne régulièrement à Rome, Florence, Venise… Ce sont des villes où je me sens bien et d’inépuisables sources d’inspirations. Deux autres destinations m’ont énormément marqué, ce sont Tel Aviv et Jérusalem. Le fait de se retrouver dans le berceau des religions, au cœur de ces lieux chargés d’Histoire, empreints d’une énergie si particulière, a été très fort et très inspirant. Ces différents voyages m’ont permis de déterminer mon style, ma philosophie artistique.

Quelle est cette philosophie ?

Elle est simple. À mes yeux, c’est le spectateur qui fait l’œuvre et non pas l’artiste. Je souhaite donc amener l’art dans des lieux où elle est très peu présente. L’idée est d’afficher sur des façades des chefs d’œuvres classiques pour qu’ils se retrouvent aux yeux de tous. L’art est le ciment de l’humanité, il éveille, stimule, et permet de tisser du lien social… Je pense chacune de mes créations en fonction de l’endroit où elles se trouvent. Une de mes dernières fresques baptisée “Vous” (photo de couverture) réunit “La Vénus de Milo” et le style très naïf de Fernand Léger. Elle est située à Paris, dans le quartier de Roissy, dans une zone comprenant beaucoup d’écoles, et donc une génération d’enfants qui grandissent avec la télé-réalité et les standards de beauté des réseaux sociaux. Je me suis dit que j’avais quelque chose à leur dire. L’idée était de faire une certaine allégorie de la féminité. Cette réalisation représente le charme, l’élégance et les imperfections qui édifient la splendeur du féminin. Il n’existe pas qu’un seul type de beauté. Elle révèle un message de bienveillance universel : “Vous” êtes belles !

Pourriez-vous nous en dire plus sur vos différentes créations ?

Depuis mes débuts, j’ai eu la chance de réaliser des fresques de plus en plus monumentales, de Nice à Paris en passant par le Mexique. Et j’ai différents projets en préparation en Amérique du Sud. Dernièrement, j’ai peint dans un lieu incroyable, sur le Campus de la faculté de Nice Saint-Jean d’Angély. L’œuvre est construite en hauteur, sur deux murs espacés l’un de l’autre. Pour cette pièce, intitulée “Lovely Tension”, je me suis demandé ce qui pouvait le plus parler aux étudiants… Et j’ai pensé aux premiers amours, à cette vie de “jeunes adultes”. J’ai donc dessiné un couple qui s’enlace, l’instant d’un baiser. Mais ces deux amants sont séparés par le vide entre les deux murs. Finalement, ce baiser ne prendra forme que dans l’imaginaire des spectateurs… Chacun imaginera la suite de l’histoire, positive ou non ! Je propose également des reproductions de mes fresques, sur des affiches, produites en éditions limitées et pour certaines numérotées et signées. Je fais également des commandes sur-mesure pour des particuliers. Dans ce cas, je prends le temps de bien échanger avec mes clients pour imaginer quelque chose d’unique.

Quels sont vos liens avec l’artiste Eric Garence ?

On s’est rencontrés dans le cadre de projets artistiques communs et on s’est rapidement liés d’amitié. Nos deux modes d’expression passent par le dessin, mais nos techniques ont des milliers d’années d’écart ! Je travaille plutôt comme L’Homme de Néandertal en peignant sur les murs tandis qu’il dessine sur une tablette graphique comme le plus moderne des artistes. (rires) On s’est donc dit que ce contraste était intéressant et nous avons décidé de travailler ensemble. On sort régulièrement des éditions limitées à quatre mains on signe des fresques ou des live. Il m’épate toujours, c’est quelqu’un rempli de surprise !

Télé Monaco magazine
César Malfi et son approche artistique